Dans un contexte difficile pour la République, émeutes des banlieues, discours communautaristes, discrimination positive, citoyens sans repères, manque de dialogue intergénérationnel, Adnan Azzam a organisé en septembre 2005 une marche citoyenne de Strasbourg à Paris. Au terme de celle-ci, il a demandé, avec son association La France qui marche, que l’égalité des chances soit déclarée Grande Cause Nationale 2006. Cette demande a été entendue en décembre 2005. Secrétaire général du collectif associatif "égalité des chances, grande cause nationale 2006", Adnan Azzam organise cette année la deuxième édition de cette marche, dont le slogan est "La France qui Marche pour une citoyenneté égale pour tous". Nous l’avons rencontré alors que les derniers préparatifs sont en cours.
Olivier Picard : Qu’est-ce que la Marche ?
Adnan Azzam, Président de La France qui marche : L’incarnation de notre conviction : un engagement citoyen pour mieux vivre nos différences ensemble, dans une société plurielle respectueuse de l’égalité des chances.
OP : Qui participe à cette Marche ?
AA : Un groupe représentatif de la société française portera, durant 23 jours, un message résolument positif.
OP : Quels sont vos objectifs ?
AA : Il y en a deux. Tout d’abord, un enjeu d’opinion : dans une France à la recherche de sa place dans cette nouvelle Europe et ce nouveau monde, promouvoir et favoriser l’épanouissement d’une citoyenneté égale pour tous : en révélant et en valorisant les talents, les énergies et les synergies constructives, mais également en encourageant le dialogue au sein de la population et en animant le débat public. Notre action a également un enjeu de mobilisation : la Marche est un événement grand public majeur, symbole de la France qui marche pour la fraternité et la tolérance.
OP : Pourquoi cette Marche maintenant ?
AA : 2006 est l’année de l’égalité des chances. Ce n’est pas un hasard : n’oublions pas qu’il y a quelques mois tout juste, notre pays a été secoué par les émeutes des banlieues. L’égalité des chances, grande cause nationale 2006, est un signal fort montrant que la nation a décidé de se saisir de ces problèmes à bras-le-corps.
OP : Concrètement, vous proposez quoi ?
AA : La citoyenneté c’est d’abord VOTER. Nous demandons la renaissance de l’éducation civique : l’aide à l’apprentissage de la citoyenneté et à l’exercice du droit de vote. Nous demandons aux partis politiques d’appliquer le principe républicain de l’égalité des chances dans leurs choix de candidats pour les représentations nationale et locale afin qu’ils soient conformes à la diversité de la France.
OP : Mais d’autres associations s’occupent déjà de ces questions. Ne craignez-vous pas un trop-plein ? Qu’apportez-vous de plus ?
AA : Nous ne prétendons pas être les premiers ou les seuls ou les meilleurs dans ce combat. Mais nous disons simplement : les « associations historiques » n’ont pas été très présentes durant les dernières émeutes. Je doute de leur impartialité, elles ne poursuivent pas toujours et pas uniquement des objectifs neutres et désintéressés, utilisant la naïveté ou la détresse de nos jeunes concitoyens pour les faire manifester contre leurs propres intérêts. Il en va dans le monde associatif comme ailleurs : il faut un renouvellement, un sang neuf. Il n’est pas sain que la parole associative soit monopolisée par 3 ou 4, il faut laisser un peu de place à des associations, qui connaissent bien le terrain, qui défendent le pacte républicain, qui veulent sauver la paix sociale et la République en redonnant tout son sens au terme « citoyenneté ».
OP : La citoyenneté, rien que la citoyenneté, ou faut- il ajouter un peu de discrimination positive pour hâter les choses ?
AA : Non à la discrimination positive. Halte au placebo! Halte au rafistolage! Non aux quotas artificiels... La discrimination positive engendre la discrimination tout court et ses bénéficiaires refusent aux autres ce dont ils ont bénéficié. Si la France veut réellement repousser le danger communautariste, elle doit ouvrir le grand chantier d'une égalité et d'une représentativité réelles de tous ses citoyens.
OP : Autrement dit, l'intégration reste un combat de tous les jours, y compris pour vous qui participez à la vie publique depuis longtemps ?
AA : Oui, combien d'années de travail sans répit, combien d'efforts, d'engagement, combien de promesses non tenues, combien d'obstacles, de trahisons, de bâtons dans les roues faut- il surmonter avant d'avoir une place dans cette République et dans cette France ? Nous, filles et fils de la République, nous devons trouver la réponse par nous-mêmes, pour nous-mêmes avec, souvent, bien des désillusions... Nous sommes des citoyens comme les autres, la discrimination positive ne doit pas être la solution dans notre République.
OP : Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur le thème "Aimez la France ou quittez-la" vous ont fait bondir...
AA : Elles me font plus que bondir. Nicolas Sarkozy se trompe lourdement en s'alignant sur l'extrême droite. Lui-même, à la télévision ne semblait pas bien comme s'il était mal à l'aise avec ses propres propos. Alors, je lui réponds : oui, nous aimons la France. Mais, oui nous pouvons aussi critiquer comme n'importe quel autre Français ce qui est critiquable dans la France. C'est de la critique positive...
Extrait d’une interview d’Adnan Azzam, Président de La France qui marche,
réalisée par Olivier Picard, journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace .
© Dernières Nouvelles d'Alsace
Un grand homme a dit : On a toujours la sensation diffuse de s'attaquer à un problème sans pouvoir imaginer les difficultés à venir... il fallait l'énorme volonté de ce fils de la république pour réussir a mettre en route la France qui marche...
Bravo de tout coeur
JL
Rédigé par : Tatou | 12 août 2006 à 20:31
j'ai fais petit bout de marche avec
vous le 19 Août à Marseille du quai
du port à la place Strasbourg, puis
j'ai dû vous laisser continuer mais
trouvé l'expérience et surtout pour une bonne cause très bien. Bonne
réussite à tous les participants
le Président du ciq République
Jean_Paul SCANIGLIA
Rédigé par : SCANIGLIA | 19 août 2006 à 21:53
Bravo Adnan, digne descendant de la Reine Zénobie et de Vercingétorix! Continue!
Bravo aussi pour ton interview sur la Chaîne parlementaire que je n'avais pas encore entendu!
H.P.
Rédigé par : PIERI HENRI | 09 mai 2008 à 11:37